Partager sur "Lydie NESONSON, Infirmière Coordinatrice des prélèvements d’organes et de tissus"
Quelle est votre fonction ? À quoi correspond votre métier ?
Je suis infirmière coordinatrice ; je coordonne l’activité de prélèvements d’organes et de tissus au Médipôle Hôpital Privé. Je suis également en charge du recensement des donneurs potentiels sur l’établissement. J’ai d’autres missions telles que : l’accompagnement des proches des donneurs, la formation, l’information et la sensibilisation des professionnels et futurs professionnels ainsi que celle du grand public sur la question du don d’organes et de tissus. Je peux également intervenir auprès des jeunes publics dans les écoles, collèges et lycées.
Quelle est votre rôle au sein de la coordination ?
J’ai rejoint la cellule de la coordination des prélèvements d’organes et de tissus (CHPOT) avec Pétya Stefanova, Catherine Galin et le docteur Lionel Liron. Nous avons les mêmes objectifs : coordonner et développer l’activité ; et bien sûr accompagner les proches de donneurs. Le Médipôle Hôpital Privé est le seul établissement privé en France autorisé au prélèvement d’organes et de tissus et donc à assurer cette mission de service public. À cet égard, nous travaillons en liens avec la coordination des HCL et nous collaborons avec les établissements du réseau Ramsay Santé du Pôle Lyon (Clinique de la Sauvegarde et l’Hôpital privé Jean Mermoz).
Quel est le lien avec les proches ?
Je suis soignante avant tout, mon travail est de prendre soin des personnes (que ce soit le donneur ou ses proches) d’un point de vue médical mais également sur le plan humain.
La prise en charge des proches est pour moi essentielle, nous sommes là pour leur laisser le temps d’accueillir la situation. Nous avons une formation spécifique pour les entretiens afin d’accompagner les familles au mieux. Une psychologue est d’ailleurs présente et disponible pour étayer cette prise en charge.
D’une certaine manière, je pense que nous prenons également soins des patients en attente de greffe, c’est un soin translatif. On travaille avec la mort, pour la vie. Je me vois un peu comme un passeur de vie. Pour moi, il s’agit bien là d’une histoire de rencontres et d’humanité.
Quel est votre parcours ?
J’ai débuté en médecine gériatrique en tant qu’infirmière diplômée d’état, j’ai été très tôt dans la dimension relationnelle du soin. Ensuite, j’ai poursuivi en réanimation polyvalente adulte, dans laquelle on avait une activité d’accueil et de prise en charge des donneurs d’organes, j’ai donc été très rapidement sensibilisée à ce sujet. J’ai, par la suite travaillé en service de réanimation pédiatrique où il y avait des petits donneurs et receveurs d’organes, une expérience extrêmement riche qui a permis de conforter tout le sens que je donne à cette activité singulière.
C’est donc tout naturellement que j’ai saisi l’opportunité qui se présentait à moi d’intégrer la CHPOT des HCL en 2015 puis celle du Médipôle Hôpital Privé en Août 2022.
Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?
« Le métier d’infirmière, on ne le choisit pas mais c’est lui qui nous appelle ».
Durant l’été de mes 19 ans, j’étais agent de surface hospitalière dans un service de long séjour gériatrique à Nîmes. J’ai eu beaucoup de chance car je suis tombée sur une équipe qui m’a accueillie et intégrée avec bienveillance. J’y ai découvert le métier de soignante. À la fin des trois mois de ce CDD je voulais être infirmière, c’était comme une révélation ! Alors j’ai passé le concours et j’ai débuté mes études en tant qu’étudiante infirmière.
Par la suite en devenant infirmière coordinatrice, j’ai quitté le soin opérationnel, cela correspondait aussi à mon souhait de faire autre chose dans mon métier, d’avoir une vision plus transversale de mon travail tout en restant en lien avec les patients et leurs proches.
Ce métier est ultra passionnant, on travaille avec la direction des établissements, l’agence de la biomédecine ainsi que l’ensemble des équipes médicales et paramédicales : Réanimateurs, chirurgiens, biologistes, radiologue etc… On collabore avec les équipes des unités de soins, du bloc opératoire, du centre funéraire. Parfois on est en lien avec la justice. On fait aussi de la formation à nos pairs et au grand public, c’est très nourrissant ! L’éventail est vraiment large.
Avez-vous un souvenir qui vous a marqué ?
Un souvenir qui m’a marqué personnellement en tant que coordinatrice c’est lorsque des parents nous ont envoyé un carton d’invitation pour l’enterrement de leur enfant que nous avions prélevés.
Je m’y suis rendue, l’église était pleine à craquer et ils ont débuté la cérémonie religieuse par un discours sur le fait que leur enfant avait donné ses organes… Imaginez, c’est le premier message que ces parents ont voulu transmettre : le don de vie que leur enfant avait souhaité de son vivant… Cela m’a beaucoup émue.
Il faut savoir que pour cet enfant, tous les organes prélevés ont pu être greffés. Notamment le cœur qui a été greffé sur un bébé de 18 mois, pour qui, l’espoir d’une greffe était presque irréel. Le chirurgien préleveur nous a rapidement donner des nouvelles de cet enfant qui va très bien. La boucle était bouclée.
Quels sont les projets à venir ?
Nous souhaitons faire progresser la culture de l’abord anticipé des proches et pour cela nous renforçons nos partenariats avec les services d’urgences et de neurologie, notamment in situ avec le Médipôle Hôpital Mutualiste d’une part et l’Hôpital privé Jean Mermoz d’autre part. Nous avons le projet d’élargir notre partenariat avec d’autres établissement du réseau Ramsay et notamment avec les urgences de l’Hôpital Privé de l’Est Lyonnais.
Au sein de l’établissement, nous menons une réflexion pour construire une formation avec des ateliers de simulations. Les cellules communications et qualité du Médipôle Hôpital Privé étant assez actives, cela permet de pouvoir communiquer sur nos activités. Nous souhaitons également élargir le sensibilisation et l’information dans les écoles de Villeurbanne.